Archives des assemblées, ressources et actualités

Conférences-débat

Catherine Strehler Perrin & Alberto Corbella

Evolution, adaptation, révolution ? Deux nouvelles lois qui statuent le paysage patrimonial vaudois tant dans sa composante naturelle que du côté du bâti.


La protection de la nature, du patrimoine paysager et bâti dans le canton de Vaud : les enjeux passés, les défis actuels et futurs d’une protection qui se doit d’être dynamique en regard notamment du changement climatique, les buts et espoirs placés dans la nouvelle loi cantonale, mais aussi les limites du cadre légal cantonal et fédéral.

Cheffe de la division biodiversité au paysage à la DGE, la Dr Catherine Strehler Perrin est une biologiste spécialisée en botanique (UNIL), géologie, pédologie, puis en sciences de l’environnement. Expérience professionnelle dans le privé, les ONG, puis depuis 2010 dans l’administration, comme cheffe de la division Biodiversité et
paysage. Elle a piloté les travaux de rédaction de la nouvelle Loi sur la protection du patrimoine paysagé et naturel.

L'architecte Alberto Corbella est Conservateur en chef des Monuments historiques du Canton de Vaud. Il est architecte EPFL. Investi dans la gestion et la
conservation du patrimoine bâti, il a notament oeuvré comme chef de projet pour la cathédrale de Lausanne.

Pascal Liévaux

Quelle recherche pour le patrimoine culturel ?

Il y a longtemps que le patrimoine culturel fait l’objet de travaux scientifiques. Mais ce n’est que récemment que les « sciences du patrimoine » se sont constituées. Mobilisant sciences humaines et sociales, sciences expérimentales et numériques, elles sont indispensables à la transmission des oeuvres et objets patrimoniaux. Le chantier scientifique de Notre-Dame de Paris constitue à cet égard un cas d’école. Il embrasse des thématiques allant de l’étude des matériaux à celle de l’émotion internationale suscitée par l’incendie. Ses résultats renouvelleront les moyens d’action des professionnels et touchent aux grands défis sociétaux, économiques, environnementaux auxquels nous sommes confrontés.

Le Dr Pascal Liévaux est conservateur général du patrimoine au ministère français de la Culture.

Conférence en ligne : https://youtu.be/x2rEWPw1QA8


Didier Rykner

Le patrimoine: un coût ou une ressource ?

Le patrimoine est ce que nous avons hérité et que nous devons transmettre.
Donc, en raison de sa définition même, il faut tout conserver.
Des solutions existent pour financer le patrimoine sans obérer le budget
d’un État. Pourquoi alors est-ce si difficile de mener une politique patrimoniale
ambitieuse ?


Fondateur du journal en ligne La Tribune de l’Art, Didier Rykner est historien de
l’art et journaliste. Considérant qu’il est impossible d’étudier l’art sans s’attacher
à sa défense, il mène un combat permanent contre le vandalisme et pour
le respect du patrimoine historique.

Rafael Matos-Wasem & Ludovic Ravanel

Les visiteurs se rendent en nombre croissant sur des lieux, y compris patrimoniaux, amenés à disparaître suite au réchauffement climatique et à d’autres facteurs anthropiques. Ils contribuent ainsi à accélérer un processus qui permet, paradoxalement, de mettre au jour de nouveaux patrimoines.

Enseignant à la Haute Ecole de Gestion de la HES-SO Valais, le Dr Rafael Matos-Wasem est géographe, il mène des recherches dans les domaines de l’histoire du tourisme et du tourisme culturel et patrimonial.

Le Dr Ludovic Ravanel est géomorphologue, chercheur associé au laboratoire EDYTEM (Université de Savoie / CNRS), spécialiste des conséquences du réchauffement climatique en montagne et guide de haute-montagne.

Christophe Amsler

Et si la question du patrimoine n’était, en fin de compte, qu’une grande téléologie de la perte ? Observer la réaction du conservateur face à la disparition inévitable de son bien offre un biais de clarification particulièrement cru, dans le monde foisonnant des théories de la restauration comme dans celui, plus quotidien, des chantiers monumentaux.

Architecte lausannois, Christophe Amsler est pleinement engagé dans les domaines de l’histoire et de la conservation du patrimoine architectural et paysager. Il est l’un des auteurs de la récente réhabilitation du château cantonal Saint-Maire, à Lausanne.

Jean-Pierre Dresco & Emmanuel Estoppey

Depuis de nombreuses années, le patrimoine mondial explore le rapport ambigu entre tourisme et préservation des sites. Si tout semblait opposer ces deux ambitions, le dialogue entre touristes et habitants est désormais reconnu comme valeur ajoutée. C’est le cas à Lavaux, vignoble inscrit depuis 10 ans sur la liste de l’UNESCO. Comment s’est développée la politique touristique de ce paysage culturel ? Les touristes ont-ils dopé l’économie viticole de ce dernier ? Comment les habitants voient-ils ses nouveaux visiteurs ?

Jean-Pierre Dresco, ancien architecte cantonal vaudois a été la cheville ouvrière de la candidature de Lavaux à l’UNESCO et Emmanuel Estoppey est directeur de l’association Lavaux Patrimoine mondial et Président des sites suisses inscrits.

Laurent Tissot

Tourisme et patrimoine : un couple heureux, nécessaire ou maudit ?
S’ils ont toujours été indissociables, s’ils se sont souvent soutenus et appuyé l’un l’autre, le tourisme s’est aussi fréquemment révélé néfaste pour le patrimoine. Car, s’il n’est pas régulé, le tourisme contient l’étrange capacité de détruire l’objet même de son admiration. On réfléchira à ces questions en prenant quelques exemples en Suisse et en Europe.

Professeur ordinaire d’histoire contemporaine à l’Université de Neuchâtel, Laurent Tissot est un spécialiste de l’histoire du tourisme, notamment dans ses aspects économiques et sociaux. Il s’interroge depuis plusieurs années sur les chances mais aussi les dangers que le tourisme représente pour le patrimoine.

Bernard Zumthor

Nos sociétés occidentales accordent de plus en plus d'importance au patrimoine. Ce qui implique – et l’on peut s’en réjouir – un élargissement de ce que l’on considère dorénavant comme patrimonial ; aux monuments historiques et aux collections des musées sont en effet venus s’ajouter les patrimoines naturels et immatériels. Cette démultiplication de la notion de patrimoine – et donc des objets à protéger – implique un engagement et des coûts que nos sociétés sont par contre plus réticentes à assumer. C’est bien l’un des paradoxes de notre temps que d’accorder plus d’attention au patrimoine, mais moins de moyens pour en préserver réellement la substance.

Le Dr Bernard Zumthor, ancien Conservateur cantonal et Directeur général du patrimoine à l’Etat de Genève et expert auprès de l’Office fédéral de la culture.

Pascal Vittoz, Olivier Fawer & Gianni Haver

Aucun patrimoine n’existe en tant que tel : c’est le regard qu’on lui porte qui le fait exister.Quand on retaille un chapiteau ou qu’on transforme nos prairies en gazons, quand on fête carnaval au mois de mai, ne sommes-nous pas en train de perdre l’essence de ces patrimoines ? en sauvegardons-nous réellement la substance ou une simple image ? Si le patrimoine est construit, comment le construisons-nous ?

Le Dr Pascal Vittoz est biologiste, l'expert en taille de pierre est Olivier Fawer et le Prof. Gianni Haver est sociologue

Nathalie Heinich

Dans un livre qui fait désormais référence, La fabrique du patrimoine. De la cathédrale à la petite cuillère (2009), elle cherche à comprendre les critères qui fondent les choix de mise sous protection d’un patrimoine. Elle y montre d’une manière précise et concrète comment le patrimoine se « fabrique », comment ce qui fait le sel et la mémoire d’un pays est protégé et sauvegardé. Sa réflexion vient ainsi nourrir des débats très actuels : où commence et finit le patrimoine ? Comment et pourquoi protéger et sauvegarder ?

Directrice de recherches à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales à Paris, la Dr Nathalie Heinich est sociologue de l’art. Elle est l’auteure de très nombreux articles et d’une trentaine d’ouvrages.

Patrick Rudaz, Thierry Largey & François Jolliet

A une époque et dans une culture qui a tendance à tout patrimonialiser, où placer les limites ? Cette petite cuillère mérite-t-elle vraiment une inscription dans un inventaire ? Si l’on veut protéger ce bloc erratique, cette zone humide et la demeure du XVIIIe qui s’y trouve, à quoi donner priorité ? Vouloir conserver la substance ancienne d’un bâtiment à tout prix, est-ce mieux ou pire qu’accepter de changer quelques pierres ? La protection d’un patrimoine ne s’arrête-t-elle pas là où celle de l’autre commence ? Où situer la ligne de démarcation ? Et selon quels critères ?

Patrick Rudaz est coordinateur du Parc naturel régional Gruyère Pays-d’Enhaut, le Prof. Thierry Largey est biologiste et juriste rattaché au centre de droit public de l’UNIL et François Jolliet est architecte, fondateur-associé du bureau Pont 12.

Sorties

Visite de la Bavaria, café historique de Lausanne, prix ICOMOS 2021, sous la conduite de Catherine Schmutz, historienne et de Martine Jaquet, historienne de l'architecture

Visite des musées du Château et du Léman sous la conduite de Catherine Schmutz, historienne et Marianne Chevassus, conservatrice au Musée du Léman.

L'abbatiale et sa ville et les enjeux de la gestion des milieux naturels sous la conduite d’Anne-Gaêlle Villet, directrice-conservatrice du Site de l'Abbatiale et Franco Ciardo, biologiste.

A la découverte des collections éthnographiques avec Claire Brizon, historienne et Pierre Crotti, archéologue.

 Un monde en soi. Une journée avec Pierre Crotti, archéologue et Christophe Randin, botaniste, Léa Magali du Parc régional Gruyères - Pays-d’Enhaut et de Jean-Frédéric Henchoz directeur du Musée du Pays-d’Enhaut et avec des interventions d’Ariane Devanthéry, historienne et de Gilles Borel, géologue.

De l’histoire des narcisses à la grande hôtellerie, guides: Evelyne Lüthi, historienne, Ariane Devanthéry, historienne et Christophe Randin, biologiste.

Un patrimoine d'importance nationale. Visite guidée sous la conduite de Georges Richard président de la Fondation du Bois-de-Chênes, Municipal de Genolier, de Nicolas Delachaux, architecte, de Sandrine Jutzeler, biologiste avec des interventions de Catherine Schmutz, historienne des monuments et Gilles Borel, géologue.

Du col du Mollendruz à la dent de Vaulion, une balade conduite par de Pierre Crotti, archéologue, Ariane Devanthéry, historienne, Catherine Schmutz, historienne de l’art, Franco Ciardo, botaniste et Gilles Borel, géologue.

Visite guidée à travers Lausanne sous la conduite de M. Emmanuel Ventura, architecte cantonal, et Mme Nadja Maillard, historienne de l’architecture, avec des interventions de MM. Franco Ciardo, botaniste, et Gilles Borel, géologue.

Visite guidée du Château de Nyon sous la conduite de Vincent Lieber, conservateur

Visite guidée du Château de Coppet. Avec la visite de l'exposition temporaire Le Groupe de Coppet face à la chute de Napoléon, par Guillaume Poisson, commissaire de l'exposition

Visite guidée de cette ancienne chartreuse et dégustation des vins du vignoble sous la conduite de Catherine Schmutz, historienne des monuments

La Chassagne d’Onnens (prairie sèche en pente !) par Franco Ciardo et Jean-Louis Moret, botanistes et Gilles Borel, géologue

Domaine de La Coudre, visite par Patrimoine suisse

Buvette de l’Alpage à Chalottet: fabrication de la tomme et  dégustation du Beau-Favre

Le Séchey – Architecture typique de la région sous la conduite de Rémy Rochat

Le Brassus, showroom de l’entreprise de lutherie JMC

Le Sentier - Visite guidée de l’Espace Horloger

Tourbière Derrière la Côte (Bouleau nain et Bouleau intermédiaire). Vue sur l’Orbe par Jean-Louis Moret, botaniste

Balade naturaliste avec Raymond Delarze, biologiste

Château à Aigle : visite du nouveau Musée de la Vigne et du Vin sous la conduite de Nicolas Isoz, conservateur

Visite et découverte de quelques bâtiments exemplaires en compagnie de Bernard Apothéloz, ancien délégué à la protection du patrimoine bâti de la Ville de Lausanne

Visite du bâtiment du Conservatoire de musique, rue de la Grotte, par Dave Lüthi, historien des monuments et professeur à l'UNIL.

Promenade dans le temps et dans l'espace, sous la direction de Michel Marthaler et d'Aymon Baud, permet de découvrir les mystères géologiques d'une réserve naturelle souvent ignorée, mais aux paysages préalpins grandioses.

Visite de la propriété des Bois-Chamblard

Visite du jardin potager du Château de Prangins, commentée par Christophe Amsler, architecte, spécialiste de la restauration de jardins anciens

Visite du jardin à la française de la maison de maître de Creux-de-Genthod, toujours sous la conduite de Christophe Amsler

Visite du vieux Cully et de quelques bâtiments intéressants de Grandvaux, sous la conduite de Denise Raymond, historienne de l'art

Présentation de différents terroirs, par Alain Parisod, vigneron-encaveur et syndic de Grandvaux, et dégustation

De Grandvaux vers Chenaux et Riex, présentation de la problématique de la candidature de Lavaux au Patrimoine mondial de l'Unesco par Jean-Pierre Dresco, ancien architecte cantonal et chargé par le Conseil d'Etat de piloter le dossier de candidature

Visite de la Maison d'Ailleurs, sous la conduite de Patrick Gyger, directeur

Visite de l'exposition "Paillard-Bolex, les aventures d'une caméra vaudoise", au Musée d'Yverdon (Château) avec une présentation de Roland Cosandey, historien du cinéma

Visite du sentier-nature dans la Grande Cariçaie et les roselières sous la conduite de Marie Garnier, directrice de Champ-Pittet

Visite de l'exposition dans les combles du Château de Champ-Pittet, consacrée à l'animal de l'année de Pro Natura, le lièvre

Visite des Archives communales de Montreux, sous la conduite de Dave Lüthi, historien des monuments. Thème particulier: l'architecte Eugène Jost (1865-1946), auteur de nombreuses constructions de référence dans la région: Montreux-Palace, pavillon des sports, gare, galerie de l'Hôtel National, salle des fêtes du Grand Hôtel. Hôtel des Alpes et Caux-Palace

Visite du Caux-Palace, sous la conduite de Dave Lüthi

Visite de la Doges, superbe propriété de maître sur les hauts de la Tour-de-Peilz, récemment léguée à la Société d'Art Public qui vient de la restaurer et de s'y domicilier. Sous la conduite d'Eric Kempf, architecte, conseiller technique de Patrimoine suisse et intendant de la Doges

Excursion dans la réserve naturelle de Ferreyres : géologie (socle calcaire, karst, sidérolithique, moraines), zoologie (entomofaune xérique), botanique (flore xérique, colonisation des dalles, chênaie pubescente)

Les fours de Bellaires : archéologie du fer

 Descente dans le Vallon du Nozon : zoologie (la faune du ruisseau), botanique (les changements des caractéristiques de la forêt)

Visite extérieure de l'Abbatiale : archéologie (le site de Romainmôtier, les fouilles), architecture (la restauration de l'Abbatiale)

Intervenants : Michel Sartori (Musée zoologique cantonal), Jean-Louis Moret (Musée botanique cantonal), Vincent Serneels (Institut de minéralogie, Université de Fribourg), Denis Weidmann (Section archéologie, Service des bâtiments), Raluca Fuchs (Service des bâtiments)

Campagne du Désert : présentation des travaux de réhabilitation du parc par Klaus Holzhausen, architecte-paysagiste adjoint du chef du Service des Parcs et Promenades de la Ville de Lausanne

Château de Beaulieu, salon et façade

Balade dans les vignes du Languedoc avec Pierre Corajoud, promeneur et éditeur

Colline de Montriond avec Robin Marchant, conservateur au Musée cantonal de géologie

Oiseaux du Jardin botanique cantonal sous la conduite de Jean-Paul Gaillard, ornithologue

Chantier de la CGN à Ouchy : présentation de la flotte de plaisance sur le Léman par Eric Teysseire, conservateur des Monuments historiques du canton de Vaud

Carrières de la Gare : visite géologique et botanique

Carrières de Fontenaille : visite géologique et botanique

Le Lessus : promenade à pied, archéologique, botanique et géologique

Ressources

Dans le cadre de son projet e-Helvetica, qui collecte les publications électroniques en ligne, la Bibliothèque nationale suisse (BN) sélectionne des sites web jugés représentatifs afin de les archiver, de les répertorier et de les mettre à disposition à long terme.
En juillet dernier la BN a retenu dans ce contexte le site web de RéseauPatrimoineS. Elle a procédé à une première capture du site (dans son ancienne version). Cette capture sera répétée annuellement.

28.09.2010

RéseauPatrimoineS a été présenté le 24 juin 2011 par son président, Gilbert Coutaz, lors d'une webconférence organisée par Idéal Connaissances, organisation de promotion et d'échanges au service des collectivités publiques, sur le thème
"Acquérir et partager la connaissance du patrimoine".

Accéder à la webconférence.

30.6.2011

Nous saluons la sortie de la duxième livraison de Monuments vaudois, la revue du patrimoine artistique du canton de Vaud, qui vient d'être publiée par la Section d'Histoire de l'Art de l'Université de Lausanne.

Site de la revue

28.11.2011

Les monuments d'art et d'histoire du canton de Vaud,

Le district de la Broye-Vully I

Parution prévue à l'autmone 2015 en souscription jusqu'au 30 septembre au prix de CHF 88.-, puis CHF 110.-

ISBN 978-3-03797-180-2

Commande auprès de la Société d'histoire de l'art en Suisse, Pavillonweg 2, CH 3012 Berne


03.09.2015

Le numéro 14 des "Documents" de RéseauPatrimoineS est sorti de presse:
Intitulé "Rôle et enjeux des collections privées pour les collections publiques", il donne à travers un cahier richement illustré de 96 pages un éclairage sur cette problématique méconnue, touchant diverses institutions du canton.
Il est distribué aux membres de l'Association (à jour de leurs cotisations) et mis en vente pour le public.

Lowenthal, David : Passage du temps sur le paysage. Traduit de l'anglais par Marianne Enckell.
Gollion, Infolio, 2008 . - Collection Archigraphy Témoignages. - 334 p. -
ISBN 978-2-88474-513-0.
Les quinze textes réunis de David Lowenthal réunis dans ce recueil explorent divers registres paysagers sur le mode de l’essai historique et géographique. La domestication de la nature sauvage par l’homme y est analysée en fonction d’options révélatrices d’identités culturelles distinctes. Ainsi, les écarts entre Ancien et Nouveau Mondes suivent-ils des pistes inspirées par l’esprit du lieu, mais aussi dictées par les traditions locales respectives. Le paysage est donc aménagé et interprété selon tout un spectre de significations et de valeurs reconnues par l’auteur, qui a voyagé à travers le monde entier et débusqué les retentissements des sites visités. Parmi les articles importants pour la réflexion patrimoniale, il faut citer « Le temps du passé, le lieu du présent », pp. 1455-186 ; « La Mémoire et l’Oubli », pp. 231-228 ; « Le passé tangible à l’ère des commémorations », pp. 229-242 et « La fabrication d’un héritage », pp. 243-261, parmi les quatre sections qui répartissent les différentes contributions de l’historien-géographe américain : « Théorie du paysage », pp. 17-93 ; « La Nature à l’état sauvage », pp. 94-153 ; « Culture du paysage : regards et perspectives », pp. 262-334.

Gilbert Coutaz,
mai 2008

Cavaleri, Olivier : Histoire de bornes. A la découverte des bornes-frontière du Jura vaudois. Balades. Découvertes. Histoire. Genève : Editions Slatkine, 2011, 272 p. - ISBN : 978-2-8321-0438-5

Pour tous les amoureux de belles promenades et de découvertes historiques, voici une publication à recommander. L’auteur lie l’agrément à la connaissance, fait revivre l’histoire de la frontière vaudoise, tant internationale que cantonale, en recensant l’ensemble des bornes encore visibles, qui marquent la frontière entre deux pays (France-Suisse), deux cantons (Genève et Vaud), deux puissances (Berne-Savoie), au cours des siècles. Il plonge dans l’histoire (il n’oublie pas de citer les sources des documents d’archives, aux pages 260-262) pour donner un passé à chaque borne qu’il situe précisément dans son contexte spatial et temporel. Il quadrille l’ensemble des bornes, en 22 promenades regroupées à leur tour en quatre parties :

  • une frontière qui se construit (Sainte-Croix-Vallorbe) ;
  • la forêt frontière (Mont d’Or-Risoux) ;
  • la frontière qui se déplace (Bois d’Amont-La Dôle) ;
  • la frontière du Traité de Lausanne [d’octobre 1564] (La Dôle-Lac Léman).

Pour chaque promenade, l’auteur qui a vérifié chacun des parcours établit la fiche signalétique rigoureuse et pratique. Le randonneur a à sa disposition les éléments suivants : durée de l’aller et durée du retour, lieu de départ, distance, montée, descente, arrivée, accès, chemin, intérêt, cartes, bus, train, services (restauration, magasins, Internet). En regard de la fiche signalétique, il trouve un extrait de la carte topographique suisse 1 : 25 000 correspondante, ainsi que la borne emblématique du parcours. Un premier texte bref et alerte décrit généralement la promenade, ensuite de quoi, un deuxième s’en va « à la découverte des bornes », un troisième souligne les caractéristiques des bornes comprises dans la promenade.

Au fil des pages et des pas du promeneur, l’inventaire des 309 bornes-frontière se met en place. Toutes les bornes sont photographiées et décrites à l’aide d’un vocabulaire explicité au début du livre et sur la base d’une fiche type (numéro de borne, datation et nom de la borne, millésimes ultérieurs, armoiries, inscriptions). Au besoin, il est fait appel à un document d’archives représenté sous forme d’un extrait. Pour ne pas casser le rythme de la lecture, l’auteur a concentré à la fin du livre la « chronologie historique complète en relation avec les bornes-frontière du Jura vaudois », entre - 9500 et 2008 ; la liste des traités et des procès-verbaux concernant la délimitation du Pays de Vaud, entre 790 et 1965 ; les lieux mentionnés dans le cadre de la frontière, avec leur situation géographique et leurs coordonnées. Glossaire, abréviations et bibliographie complètent la partie scientifique de l’ouvrage, relevés par un bandeau photographique, en constant changement, sur plus de 260 pages.

La publication aide à comprendre l’évolution des frontières (il est même fait allusion à Schengen !), invite à l’évasion, enrichit l’héraldique vaudoise de nouveaux témoins, se rend utile par la force de son corpus et éclaire de manière bienvenue par le texte et la riche iconographie un patrimoine méconnu, peu étudié et à peine valorisé jusqu’alors. Elle mérite notre considération … sans borne et d’être un compagnon désormais incontournable des promenades sur les confins du canton de Vaud.

Gilbert Coutaz

Collection : Actes des Entretiens du patrimoine, organisés par le ministère de la Culture et de la Communication, direction du Patrimoine, avec le concours de l'association pour la connaissance et la mise en valeur du patrimoine.
Les Editions du Patrimoine ont publié dans cette collection chez Fayard plusieurs volumes importants :

  • Science et conscience du patrimoine (1994). Sous la présidence de Pierre Nora, directeur d'études à l'Ecole des hautes études en sciences sociales.
  • Patrimoine, Temps, Espace : Patrimoine en place, patrimoine déplacé (1996). Sous la présidence de François Furet, de l'Académie française, directeur d'études à l'Ecole des hautes études en sciences sociales.
  • Patrimoine et passions identitaires (1997). Sous la présidence de Jacques Le Goff, directeur d'études à l'Ecole des hautes études en sciences sociales.
  • Ville d'hier, ville d'aujourd'hui en Europe (2001). Sous la dir. de François Loyer
  • Le regard de l'Histoire. L'émergence et l'évolution de la notion de patrimoine au cours du XXe siècle en France. (2003) Sous la dir. de Henri Rousso.

Les têtes de section du livre donnent une bonne idée de son contenu : une mutation significative du « fait patrimonial en Occident. L’exemple français ; Le patrimoine culturel immatériel ou le concept de « patrimoine mondial » en quête d’universalité ; perspective d’interprétation du concept de patrimoine ; le phénomène muséal entre ruptures et continuité. Fondé sur des chapitres courts, souvent formant un ensemble cohérent, le livre s’impose par son allure universitaire, richement documenté, non dénué de jargon, mais en phase avec les dernières publications (la bibliographie est abondante, les notes sont généreuses). « Le patrimoine immatériel sert de prétexte pour déconstruire les « représentations usuelles et familières généralement associées » au patrimoine. Par conséquent, interroger le patrimoine immatériel revient à reformuler une question maintes fois débattue : qu’est-ce que le patrimoine ? L’ouvrage est un guide pour tous ceux qui souhaitent suivre un cheminement de pensée au terme duquel se profile l’affirmation d’une compréhension philosophique du fait patrimonial. Avec un regard lucide sur les dérives d’une approche ethnocentrique, le patrimoine y est conçu comme un phénomène universel fondamentalement lié à la condition humaine dont l’exercice peut concerner toute l’étendue du réel. A la lumière de cette interprétation, l’étude en déterminer les caractéristiques invariantes afin de les réunir au sein d’une abstraction intellectuelle. Redéfini, le concept du patrimoine devient un outil d’analyse opérationnel permettant de saisir, comprendre et mieux respecter les manifestations formelles, culturelles et historiques du fait patrimonial qu’elles soient reconnues ou en quête de reconnaissance. » (4e plat de couverture).

Un ouvrage de référence sur le patrimoine revisité au travers de l’incursion générale et planétaire du patrimoine immatériel.

Gilbert Coutaz
11 mars 2008

De 1850 à 1914, les arts décoratifs fleurissent dans toute l’Europe pour orner notamment bâtiments privés ou publics. Les cages d’escalier, lieux de représentation par excellence, sont un thème privilégié pour les architectes qui les conçoivent avec un grand souci de détail. Ce n’est que dès les années 1980 que ce patrimoine devient sujet d’étude et qu’il commence à faire l’objet d’inventaires ; il est richement représenté en Suisse romande.

Cet ouvrage qui associe des auteurs de formation différente se donne à lire et à voir, il propose une lecture en plusieurs temps d’une trentaine de cages d’escalier illustrées de Suisse romande qui s’imposent par leur beauté architecturale et décorative, l’intégrité de leur décor, leur caractère exemplaire et la réussite de leur restauration. Si leur présentation constitue le point fort du livre, les auteurs les insèrent dans un contexte plus large en retraçant l’histoire de l’escalier, en soulignant combien son thème a inspiré la littérature et le cinéma et en abordant, de manière thématique, les métiers et les hommes qui se cachent derrière chacune des techniques décoratives présentes dans la cage.

Pour vos commandes, au prix de. 75.- ttc ou 55 Euros ttc.,

  • +41 21 693 41 31
  • http://www.ppur.org 
  • par e-mail : ppur@epfl.ch.

Gilbert Coutaz
Mars 2006

Patrimoines. Revue de l'Institut national du patrimoine. No 1, 2006.
136 pages, ISBN 2-85056-949-6.

L'Institut national du Patrimoine est chargé de former les futurs conservateurs, notamment ceux des musées. Sa mission s'est élargie quand l'Institut de formation des restaurateurs d'art (Ifroa) lui fut rattaché. Cet établissement vient de se doter d'une revue annuelle, Patrimoines, destinée à tous les acteurs du patrimoine. La nouvelle publication s'articule autour de trois parties :

  • grands débats patrimoniaux
  • réflexions sur l'exercice des métiers de la conservation et de la restauration du patrimoine
  • sélection de travaux scientifiques des élèves de l'institut.

→ Lien vers le site internet

Les musées, les monuments, les villages de caractère, les curiosités naturelles, les paysages culturels, les hôtels de charme ou les spectacles historiques constituent une ressource touristique recherchée. Ils attirent plusieurs dizaines de millions de visiteurs, séduits par une offre vivante et multiple (expositions temporaires, circuits thématiques, voyages de découverte et d'aventure, croisières…). Cet engouement contribue de façon significative au développement économique et social des régions d'accueil, mais il n'est pas sans danger pour le patrimoine, objet de sur-exploitation et parfois dépossédé de sa signification culturelle.

Face à de tels risques, de nouvelles procédures ont été élaborées qui permettent de protéger plus efficacement les biens culturels et naturels, tout en favorisant les retombées économiques liées à leur usage touristique : plan de gestion des sites, régulation des fréquentations, mise en réseaux, meilleure intégration des populations locales aux actions de valorisation, chartes d'éthique.

Tous ces aspects sont décrits, analysés, illustrés par de nombreux exemplaires français et étrangers, dans cet ouvrage qui s'adresse aux amateurs de patrimoine, aux professionnels (établissements culturels, collectivités territoriales, opérateurs touristiques…) et aux étudiants qui souhaitent approfondir leurs connaissances et leur savoir-faire en ce domaine.

(Extrait du 4e plat de couverture)

Première tentative publiée d’une réflexion globale sur la conservation documentaire d’importance nationale au niveau des institutions publiques et privées : Bibliothèque nationale, Cinémathèque suisse, Phonothèque nationale suisse, Fondation Suisse pour la Photographie, Archives fédérales suisses, Bibliothèque militaire fédérale, Schweizerisches Sozialarchiv et Documentation et Archives de SRG, SST idée suisse.

« Le patrimoine documentaire représente une part importante du patrimoine culturel d’un pays et en constitue la mémoire collective. L’augmentation de la production de documents et l’entrée en jeu des technologies numériques ont paradoxalement accentué le danger de disparition de ce patrimoine essentiel pour le façonnement de notre avenir. Bibliothèques, archives et autres institutions chargées de la conservation documentaire se rendront compte que le choix des documents représentatifs des activités de notre société. Ce mémoire se concentre ainsi sur la sélection des documents à sauvegarder en tant qu’élément central des politiques de conservation du patrimoine documentaire. Il pose la question quels sont les modes à travers lesquels les documents sont choisis pour être admis comme partie du patrimoine national. »

Gilbert Coutaz
Octobre 2005

Voir notamment les chapitres sur le patrimoine et l'environnement, la culture, la vie associative et le bénévolat.Extrait de : Tâches de l'Etat et des communes, par Luc Recordon

4. Le patrimoine, l'environnement, la culture et le sport.

4.1. Patrimoine et environnement (pp. 156-158)

" Le constituant a tenu à mettre tout d'abord sur un pied d'égalité le patrimoine naturel et le patrimoine culturel, manifestant ainsi qu'à ses yeux l'être humain a tout à la fois besoin d'amour (de belles choses, pour vitre pleinement) et d'eau fraîche (l'environnement de qualité, pour assurer les conditions de base de son existence). Le choix des verbes (" conserver " et " protéger ", mais aussi " enrichir " et " promouvoir ") est quant à lui significatif d'une volonté de dépasser une vision purement défensive du rapport au patrimoine et à l'environnement ; non content de les protéger des atteintes qui peuvent les menacer, l'Etat doit encore les améliorer, la cas échéant réparer tous dommages sérieux qu'ils peuvent subir (art. 52 al.1).

Dans le domaine de l'environnement, la tâche est clairement dévolue conjointement à l'Etat et aux communes ; elle porte non seulement sur la sauvegarde, mais aussi sur la surveillance (art. 52, al. 2), ce qui suppose une activité intense, qui peut être menée par les services de l'Etat (par exemple en matière de lutte contre le bruit, de sécurité des denrées alimentaires et objets usuels, de forêts, de pêche, etc,), par ceux des communes et également par les milieux privés, la sauvegarde d'une région déterminée, etc.). En effet, l'évolution à surveiller est si multiple dans son expression et souvent si lourde dans le travail à accomplir qu'elle suppose par définition des moyens qui conduiraient à un gigantisme administratif si le canton en avait la charge sans partage.

En ce qui concerne spécifiquement la pollution (de l'air, de l'eau, de l'habitat, etc.), à savoir les atteintes avérées et non seulement potentielles à l'environnement, le canton et les communes sont chargés de contre toute forme de celle-ci qui puisse porter atteinte à l'être humain ou à son environnement. C'est dire aussi à quel point l'attente est forte et particulièrement diversifiée. Qu'on songe à l'apparition aujourd'hui par exemple de pollutions jusqu'ici peu connues, susceptibles de se révéler graves, liées à l'ensemble de sobjets courants dont nous disposons, fabriqués avec des matières, notamment les plastiques et les vernis (générateurs de " polluants " organiques persistants ", sur lesquels on est encore fort peu renseigné scientifiquement, mais dont certains semblent très inquiétants).

La faune, la flore et les milieux naturels doivent être protégés spécifiquement, dans leur diversité (art. 52, al. 4), ce qui exclut de se contenter de quelques mesures ponctuelles sympathiques, comme la sauvegarde de l'une ou l'autre espèce de fleurs ou le lâcher de deux ou trois animaux en voie de disparition pour revigorer l'espèce. C'est là une tâche permanente et générale, à mener très certainement en coordination avec les pouvoirs publics des cantons et des régions transfrontalières les plus proches.

Un grand et rude débat a abouti à la petite phrase qui prévoit que " la loi définit les zones et les régions protégées " (art. 52, al. 5). L'Assemblée constitutive avait, ici plus encore qu'ailleurs, le souci de ne pas donner l'impression de vouloir abolir des choix qu'avait fait le peuple de façon spécifique, à l'occasion de révisions partielles au cours des décennies précédentes. Or la précédente Constitution comportait une protection spécifique des régions de Lavaux et de la Venoge avec son bassin versant. (…)

4.2. Culture et sport (p. 158)

La vie culturelle et la création artistique, distinctes du patrimoine culturel conçu comme figé, font également l'objet d'une disposition spécifique (art. 53). L'Assemblée à ainsi tenu à donner une place particulière à ce que l'on a appelé la " culture vivante ". La tâche est conjointe pour l'Etat et les communes de l'encourager et de la soutenir ; il s'agit d'une véritable obligation (art. 53, al. 1). E même, il leur appartient d'avoir une politique culturelle dirigée vers le public, de manière à ce que la culture ne demeure pas limitée à quelques cercles privilégiés mais soit au contraire accessible au plus grand nombre. Les conséquences en matière notamment de création de lieux d'expression de la culture ne sont pas négligeables, avec des incidences financières pouvant se révéler importantes en particulier à la charge des communes.

9. La Vie associative et le bénévolat (pp. 175-176)

La vie associative et le bénévolat (art. 70) se déclinent en quatre objectifs, à la charge conjointe du canton et des communes :

  • prendre en considération le rôle de la vie associative et reconnaître son importance (art. 1) ;
  • accorder aux associations reconnues un soutien pour leurs activités d'intérêt général (art. 2) ;
  • leur déléguer des tâches dans le cadre de contrats de partenariats (al. 3) ;
  • faciliter le bénévolat et la formation des bénévoles.

(…)

Quant à la délégation de tâches dans le cadre de contrats de partenariat elle sera la forme la plus étendue et la plus aboutie de la collaboration. A l'instar des autres objectifs, elle pourra se réaliser dans les secteurs les plus divers de la vie sociale et de la vie associative, qui coïncident à tout le moins avec l'ensemble des tâches publiques.

Patrimoines. Bulletin des bibliothèques de France, t. 49, no 5, 2004

Le Bulletin des bibliothèques de France, organe de référence pour les milieux professionnels, publié par l'ENSSIB (Ecole nationale supérieure des sciences de l'information et des bibliothèques), a consacré un numéro au patrimoine, et plus particulièrement au patrimoine écrit.

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Code du patrimoine français du 20 février 2004

On entend par patrimoine « l'ensemble des biens, immobiliers ou mobiliers, relevant de la propriété publique ou privée, qui présentent un intérêt historique, artistique, archéologique, esthétique, scientifique ou technique ».

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Ouvrage collectif, organisé autour de 32 contributions différentes, rédigées par des historiens et des administrateurs du patrimoine, cette publication s’impose par l’ampleur et l’originalité de son propos. Elle est fortement documentée et écrite avec un grand sens de la formulation. Plusieurs chapitres ont une valeur générale, en plus de ceux qui traitent des moments charnières qui ont fondé les politiques du patrimoine ou plutôt les phases de patrimonialisation en France.

L’ambition du volume est de poser les jalons, sur la longue durée, d’une histoire des politiques du patrimoine. La méthodologie suivie, le regard dans le rétroviseur pour éclairer les enjeux d’aujourd’hui, donne des résultats très intéressants et devrait inciter des approches similaires dans d’autres pays que la France. Certes, les exemples sont exclusivement empruntés l’histoire de régions et départements (Bresse Bourguignonne, Seine-Inférieure et Maine-et-Loire) et de villes de France (Lyon, Reims, Rouen et Saint-Quentin-en-Yvelines) de France, ainsi qu’à des acteurs de la vie politique et culturelle (Paul Léon, Jérôme Carcopini et André Malraux), ce qui limite l’intérêt de certaines contributions. Mais ils n’empêchent pas des constats d’intérêt général.

Ainsi, les politiques du patrimoine sont peu étudiées pour elles-mêmes et sont généralement absentes des modèles construits pour rendre compte des politiques culturelles. Loïc Vadelorge écrit ceci au sujet du thème « Le patrimoine comme objet politique ». Il faut attendre le milieu des années 1970 pour lire des travaux consacrés au patrimoine, réduits en fait au secteur des monuments historiques. Le lancement de l’année du patrimoine en 1980 va modifier les approches, les unes contribuant à consacrer des champs nouveaux de l’intervention publique, les autres se proposant d’interroger le sens social et historique de la notion de patrimoine. Les années 1990 compléteront les démarches dans quatre directions. « D’une part, en réponse à une forte demande sociale, chercheurs et acteurs – principalement des historiens et des ethnologues – approfondissent le problème de la signification et de l’extension du patrimoine (…). Parallèlement à ce travail d’investigation, dont on comprend bien les enjeux identitaires pour les disciplines, l’historiographie du patrimoine est complétée dans les années 1990 par des études juridiques et économiques. » (pp.13-14) Une troisième direction de recherche « consiste à préciser nos connaissances sur l’histoire ancienne du patrimoine, qui à bien des égards éclaire les problématiques contemporaines. » (p. 15) L’accent est ainsi mis sur les périodes historiques qui ont marqué le patrimoine : Révolution française, Constituante, Monarchie de juillet, IIIe République, Régime de Vichy, La Libération et ère Malraux. Dernier axe de réflexion, la publication de travaux de synthèse de portée très inégale, mais qui, pour rendre compte du sens du patrimoine, ont mis l’accent sur les politiques qui le mettent en œuvre. « Les grilles de lecture vont de l’enchevêtrement des périodes à la mise en évidence des logiques transversales » (p. 17). Au-delà de la périodisation de l’histoire des politiques patrimoniales, l’ouvrage aborde les questions du rôle des associations et des territoires, avec le besoin de dépasser le mode bipolaire, forcément antithétiques : amateurs contre professionnels, scientifiques contre politiques, associations contre administration, centre contre périphérie.

La volonté de démocratiser la culture vivante s’est faite consciemment ou non au détriment du patrimoine qui a souvent souffert d’un relatif effacement en raison même de ses modes de fonctionnement (les politiques du patrimoine s’inscrivent dans la longue durée, nécessaire aux procédures de classement, aux travaux d’entretien). Les politiques culturelles sont rythmées par la saison annuelle, celles du patrimoine s’appuient sur des structures administratives lointaines, avec du personnel reconnu pour ses compétences et qui relève du rôle essentiellement de l’Etat. « Patrimoine et culture, loin de s’opposer et de se repousser, s’inscrivent plutôt dans une sorte de tension stimulante, de dialectique de l’héritage et de la création. De nos jours, ils finissent par se combiner assez harmonieusement. D’un côté, en effet, la culture englobe le patrimoine : elle lui donne son nom au niveau étatique et administratif, et, de l’autre, elle se modèle sur lui : elle adopte l’aspect d’un héritage national ou local au niveau des politiques publiques. » (Yvon Lamy, p. 55)

La période la plus récente se caractérise par l’émergence de nouveaux acteurs partenaires du patrimoine, comme les collectivités locales et le mouvement associatif de plus en plus large dont le chapitre d’Hervé Glevarec, « De la société d’histoire à l’association du patrimoine. Changements socioculturels et nouvelles raisons de mobilisation » se fait l’écho et reprend ici ce qu’il a publié avec Guy Saez, Le patrimoine saisi par les associations, en 2002 (voir compte rendu spécifique) pose de nombreux constats intéressants. Il part du postulat que la mobilisation associative se fait dès le début de la décennie 1970 de manière concomitante avec le développement de l’intérêt pour le patrimoine. Depuis, le mouvement a connu une très forte accélération, le mouvement d’extension des objets patrimoniaux donnant lieu à un ensemble de discours tenus sur le phénomène patrimonial. L’auteur évalue entre 500 et 800 la fourchette de création annuelle des associations durant les années 1980-2000, en France. « Le patrimoine est pour les associations un problème et une pratique (…). Le patrimoine est un objet et un signifiant : le patrimoine, ce sont des objets et c’est le signifiant de la mémoire, l’outil d’autre chose (du territoire par exemple) (p. 525).

Gilbert Coutaz

Kaeser, Marc-Antoine : Les lacustres. Archéologie et mythe national.
Lausanne, Presses polytechniques et universitaires romandes, 2004 (Le Savoir suisse, 14).
Les Lacustres ont-ils existé? Ce livre répond à cette question en présentant l’essentiel des recherches les plus récentes. Il éclaire tout à la fois la préhistoire et la construction idéologique de l’Etat fédéral suisse. Entre arts, poésie, mythe et réalité archéologique, une utile remise en perspective.

Le patrimoine se définit par sa valeur d'exemplarité, d'identité ou de valeur de remémoration. "Un objet devient patrimoine parce qu'il est lourd de sens pour une collectivité et que son existence devient le moyen de symboliser une histoire ou de faire partager des valeurs." Par sa valeur historique ou artistique, il a un caractère irremplaçable. Enfin, "un objet devient patrimoine parce qu'il représente une valeur économique et que sa disparition constitue une perte pour la collectivité". C'est justement autour de cette notion de valeur économique que tourne le livre. Les acteurs qui se préoccupent de la mise en valeur des patrimoines sont nombreux : l'Etat, les collectivités territoriales et les propriétaires, les entreprises, les artisans et les associations constituent des partenaires, en principe complémentaires, avec des valeurs diverses.

Le patrimoine se retrouve aujourd'hui à la conjonction de nombreuses attentes dont deux évolutions majeures de l'environnement économique et social contemporain viennent renforcer l'intérêt : la nécessité de créer de nouveaux emplois et celle de mieux affirmer l'originalité et la qualité des produits et des services. Il évolue dans un monde globalisé où les tendances à la banalisation et les pressions dues à la compétition, nationale comme internationale, sont des plus vives. Trois types de valorisation - au nom de l'existence, de l'usage ou du développement - supposent de mettre en relation des logiques inhérentes au patrimoine avec celles de la valorisation économique.

Les questions auxquelles l'ouvrage tente de répondre sont toutes posées dans l'avant-propos. Elles méritent d'être formulées dans les termes mêmes de l'auteur : "Je me suis efforcé de montrer les tenants et aboutissants de la valorisation économique du patrimoine sur la base de quatre constats que j'ai associés : parler de valorisation économique du patrimoine, cela ne signifie pas que les choix patrimoniaux doivent être soumis à une logique mais c'est dire que ces choix ont une dimension économique qu'il convient d'éclairer et de considérer ; cette dimension est perceptible dès lors que l'on ne raisonne pas seulement en termes de monuments ou d'objets, mais en termes de services rendus à partir du patrimoine existant ; parmi les valeurs que ces services satisfont , il convient de distinguer entre valeur d'existence et valeur d'usage, laquelle distinction permet alors d'éclairer les choix différents effectués par les Etats et les problèmes rencontrés ; enfin, parmi ces perspectives, il est essentiel de tenir compte des différents intérêts en présence : ceux des populations locales, ceux des entreprises, ceux des touristes. Ces constats m'on permis de donner une interprétation du système français du patrimoine. Ce système a été conçu et organisé au nom de la valeur d'existence du patrimoine, laquelle contribue à l'identité de la Nation et entend servir de ciment aux représentations collectives. De ce fait, les valeurs d'usage de ce patrimoine, qui suscitent l'intérêt des ménages et des entreprises, ont longtemps été considérées de manière marginale, alors même qu'elles sont aujourd'hui susceptibles de dégager un certain nombre de ressources qui permettent de conserver ces patrimoines tangibles et intangibles. Ce défi doit être aujourd'hui assumé par le système français sans que soit aucunement mise en cause la grande qualité scientifique et technique des métiers et des ressources contribuant à la conservation et à l'animation du patrimoine. La décentralisation peut y contribuer au même titre que la reconnaissance des apports associatifs ou la prise en considération des besoins des acteurs locaux."

En cinq chapitres, l'auteur explore les dimensions économiques du patrimoine :

  • dans le premier, il mesure l'ampleur économique du secteur, selon le critère de l'emploi. L'empreinte économique de la filière du patrimoine s'étend bien au-delà des 40 000 emplois traditionnellement reconnus en France et qui constituent effectivement le cœur ;
  • les concepts et les perspectives qui distinguent le patrimoine des autres secteurs d'activités sont identifiés dans le deuxième chapitre ; l'originalité économique du patrimoine postule des interdépendances entre les ressources et les comportements qui sont à dépasser au profit d'une approche en termes d'économie patrimoniale ;
  • le système français est situé, dans le troisième chapitre, au sein de ces perspectives, en comparaison des autres systèmes nationaux. Plusieurs contenus sont dignes d'être rapportés : la dichotomie du patrimoine bâti et du patrimoine naturel ; alors qu'elles offrent un panel extraordinaire de compétences et de ressources qu'elles devraient jouer un rôle complémentaire de l'Etat, il faut constater la marginalisation croissante des associations qui représentent 15% du secteur associatif français et près de 2400 associations qui peuvent être réparties en trois groupes : sociétés savantes et des académies ; militantisme de sauvegarde ; ensemble des mouvements attachés à la mise en valeur d'un patrimoine local, dans deux versions, "la première cherche à faire revivre les traces de la vie en société, en passant souvent de la maison comme cadre le plus quotidien qui soit, en insistant sur les valeurs de travail et de solidarité, et en débouchant parfois sur une recherche folklorique", la seconde part "du territoire plutôt de la maison" ; signalons encore les têtes de chapitre au libellé évocateur : les dynamiques négatives de l'approche étatique du patrimoine avec notamment les paradoxes de la conservation : valorisation ou momification ?; les clivages patrimoine culturel-patrimoine bâti/architecture/patrimoine naturel ; un équilibre mal ajusté avec les propriétaires privés ; des gestions publiques coûteuses et faiblement efficientes ; l'évolution défavorable des budgets de conservation ;
  • dans le quatrième chapitre, un certain nombre d'ajustements sont proposés comme nécessaires à l'organisation de la politique du patrimoine, relatifs aux différents maillons de la chaîne que représentent la protection, le financement et la conservation, pour donner plus de vigueur aux efforts de mise en valeur des propriétaires publics ou privés ;
  • enfin, le dernier chapitre décrit les outils d'analyse économique en fonction du niveau d'intervention : la mise en valeur d'un monument, la contribution de cette mise en valeur au développement du territoire qui l'entoure et, finalement, la détermination des budgets publics souhaitables ;

Dans une approche très française, l'auteur place le thème de la décentralisation au terme de son enquête et montre à quelles conditions celle-ci vient renforcer la mise en valeur des patrimoines. "Il apparaîtra alors que le type de décentralisation choisi est plus déterminant que son principe, ce qui implique encore plus de réformes au niveau central qu'au niveau local".

L'ouvrage, certes très connoté par les exemples empruntés à l'expérience française, livre de nombreux tableaux statistiques, économiques et de caractère financier, très utiles pour quiconque, en plus d'une vaste bibliographie. Il ouvre des perspectives vastes et décomplexifie les approches patrimoniales, quand il propose l'expérience des pôles économiques du patrimoine, une détermination des fonctions d'emploi, une estimation européenne des emplois culturels. Il parle d'utilité du patrimoine, au-delà de sa simple conservation à laquelle l'Etat a voué trop longtemps ses seuls soins. Plusieurs instruments d'évaluation sont originaux, comme l'enquête sur les pratiques culturelle des Français, l'expression monétaire des valeurs du monument, le coût du personnel des monuments, le yield management et les effets de l'investissement patrimonial sur les territoires.

Sur ce livre dont la lecture est recommandée à tous souffle un grand vent d'optimisme ou plutôt de défis à relever : le patrimoine n'est pas une notion désincarnée ni un simple héritage, mais "un levier de créativité et de développement de nos sociétés". Selon l'auteur, il vaut mieux désormais parler de dimension économique attachée indéfectiblement à chaque patrimoine.

Gilbert Coutaz
janvier 2005

C’est un ouvrage de première importance qui vient de paraître sur le patrimoine et qui, bien qu’empruntant ses exemples aux réalités associatives de la France, livre des informations stimulantes et tout à fait comparables à nos propres situations. Il faut souligner la richesse du matériel qui illustre le texte (26 tableaux et 4 cartes), organisé autour de quatre chapitres d’importance inégale : «Associations du patrimoine dans trois départements : le Finistère, le Haut-Rhin et le Rhône» ; «Un patrimoine élargi approprié par les amateurs» ; «L’implication associative ; «Entre mémoire et territoire», et encadré par une solide introduction (une quarantaine de pages) et une conclusion au titre évocateur «Enjeux politiques du passé» (cinq pages denses).

La publication résulte d’une investigation sur l’activité et le rôle des associations locales dans le domaine du patrimoine culturel, effectuée à la demande de la Direction du patrimoine (aujourd’hui Direction du patrimoine et de l’architecture). Elle évalue le poids et la place du monde associatif dans un secteur des politiques publiques particulièrement investi par l’Etat. Les associations du patrimoine sont-elles vouées à la contestation des décisions des pouvoirs publics en matière d’urbanisme, ou au culte de la nostalgie du passé ? Jouent-elles encore un rôle d’auxiliaires des politiques de protection ? Constituent-elles un moyen de sensibilisation des Français à leur patrimoine ? Ces questions se posaient d’autant plus que l’on constatait une mobilisation aussi récente qu’intense de nombreuses associations, principalement depuis les années quatre-vingts, autour d’objets patrimoniaux peu identifiées ou peu reconnus par les politiques publiques en vigueur dans le domaine. Il est utile de rappeler que l’année 1980 fut l’année internationale du patrimoine. Les premières journées portes ouvertes dans les monuments historiques datent de 1984. On recense en France au début des années 2000 700'000 associations, 60'000 se créent chaque année.

Sous le même mot patrimoine se cachent des logiques sociales, culturelles et politiques qu’on ne peut ramener à une figure commune sans un examen approfondi. On a vu apparaître des actions associatives proliférant en faveur d’objets ni inscrits ni classés que l’on baptisés rapidement nouveaux patrimoines ou petit patrimoine. Il s’agit d’un ensemble disparate d’objets, traces ou vestiges touchant des domaines négligés par les services, patrimoine industriel, rural, maritime, ferroviaire, etc. La liste peut s’allonger presque à l’infini puisqu’elle ne dépend pas des catégories administratives et scientifiques légitimes, mais de l’agrégation d’individus qui s’y attachent et qui érigent ces nouveaux objets patrimoniaux en foyer de leur sociabilité. Ils se donnent alors pour mission de les connaître, de les sauvegarder, de les valoriser, en bref d’en faire le centre d’une action collective plus ou moins en marge des procédures institutionnelles en vigueur. A travers cet attachement et à travers l’activité qu’ils déploient pour s’approprier et faire reconnaître ce type de patrimoine, ils délivrent aussi un message dont il faut rendre compte.

Les auteurs du livre se livrent à un examen scrupuleux des patrimoines, en explorant les trois dimensions qu’ils revêtent dans la pratique de ceux qui s’y consacrent.

  • La première de ces dimensions concerne l’enjeu de nomination et de définition des objets patrimoniaux choisis par ces amateurs du patrimoine. Ces objets ne sont pas encore – ou à peine – entrés dans l’orbite des politiques publiques dont s’occupent les professionnels du patrimoine, historiens, architectes, ethnologues, qui oeuvrent dans les institutions et qui sont du reste pour la plupart fort occupés par le grand patrimoine. L’élargissement du patrimoine n’obéit pas simplement à une logique d’absorption de nouveaux objets à partir d’une catégorie fixe et dominante comme s’il y avait une fatalité de l’institutionnalisation. Il faut comprendre aussi cet élargissement comme une sorte de libération.
  • La deuxième dimension consiste à interroger le recours généralisé à la forme organisationnelle et juridique de l’association. L’originalité n’est pas à chercher dans le recours à l’association, mais dans ses usages sociaux et politiques au sein d’un domaine culturel où la vie associative a été particulièrement mythifiée.
  • La troisième et dernière dimension est reliée à l’univers de la production. Cette fois, il ne s’agit plus d’une production réelle et actuelle, mais des souvenirs et des traces que la production a laissées sur le territoire et dans la mémoire des hommes et des femmes qui y vivent, un adieu au travail, en somme. Ces deux éléments – mémoire et territoire – sont ici indissociables.

L’étude de trois départements, le Finistère, le Haut-Rhin et le Rhône, met à jour les ressorts sociologiques de l’intérêt patrimonial comme activité d’amateurs, dont l’investissement obéit autant au plaisir de faire qu’à la dette contractée envers les ancêtres et au devoir de transmission auprès des jeunes. Le patrimoine, c’est ce qu’on possède, ce qu’on transmet par héritage, ce sont des biens fonciers ou immobiliers. Dans leur noyau central, les mobilisations associatives autour du patrimoine sont portées par une génération qui se considère comme une génération charnière, entre celles qui ont connu des restes de société de type rural-artisanal et celles qui naissent après sa disparition. Les auteurs envisagent l’ensemble des associations patrimoniales comme un système tripartite : les associations archéologiques, militantes et traditionistes. Les premières forment le réseau institutionnel des sociétés savantes, les secondes un ensemble différencié dans lequel rentrent des réseaux nationaux, et les troisièmes, les sociétés folkloriques tournées vers la collecte de traditions locales. L’examen du langage de l’action associative patrimoniale est significatif et constitue un apport original du livre. Les mots les plus fréquents (rencontrés plus de 50 fois) font émerger une série de formes sociales pertinentes pour les associations patrimoniales. Celles qui apparaissent au premier chef importantes sont l’objet (patrimoine, environnement) et le type de groupement (association), puis l’action ou l’objectif (sauvetage, défense, protection), enfin le territoire (pays par exemple). La logique du rapport centre/périphérie montre que les associations fondent leur intérêt, non pas sur l’imposition sans nuances d’une catégorie nationale, mais sur des enjeux de localisation qui spécifient, et le territoire, et le genre de patrimoine qui s’y trouve. La logique du rapport élitisme/amateurisme indique l’emprise déclinante des avoirs et des raisons d’Etat sur les modes de représentation et les normes de perceptions locales. Cela peut faire apparaître un gouffre entre les formes de prise en charge extrêmement élaborées et codifiées des professionnels et des scientifiques du secteur de l’administration, et l’amateurisme des associations. De ce point de vue, l’enjeu consiste sans doute à conforter les chercheurs territoriaux – archéologues, historiens, ethnologues des collectivités territoriales – dans leur rôle de médiation avec les associations. Enfin, la troisième logique, celle du rapport action collective/institutionnalisation montre qu’une plus grande fluidité s’est installée entre les différentes postures – militantisme, implication personnelle – d’inscription dans l’espace public et dans les transactions avec les autorités politiques locales.

La pluralité des usages sociaux du patrimoine est à la mesure de la polysémie de la notion et de son élargissement. Elle laisse poindre une définition du patrimoine non plus seulement comme héritage des ancêtres à préserver, mais comme ressource sociale dans les interactions locales. Le patrimoine est l’instrument d’un réaménagement de l’ordre du monde, moins triomphant que celui du mouvement historique, moins passéiste que celui de la communauté perdue, mais attentif et lucide devant la fuite du temps, l’oubli, la disparition des traces. Il motive une dynamique sociale plus que jamais consciente d’avoir à réinventer chaque jour, inlassablement, sa mémoire et son territoire.

Gilbert Coutaz
novembre 2003

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Tri, sélection, conservation. Quel patrimoine pour l'avenir ?
Ouvrage collectif réunissant les actes de la table ronde organisée sous l'égide de l'Ecole nationale du patrimoine les 23, 24 et 25 juin 1999, Paris 2001.

Jeudy, Henri-Pierre : La machinerie patrimoniale.
Paris, Sens & Tonka, 2001.

Lacroix, Michel : Le principe de Noé, ou l'éthique de la conservation. Paris, Flammarion, 1997

Sire, Marie-Anne : La France du patrimoine. Les choix de la mémoire. Paris, Gallimard, 1996 (Découvertes Gallimard, 291).