par Gilbert Coutaz, président de RéeauPatrimoineS

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Extrait sonore :
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Parmi les buts de RéseauPatrimoineS, celui du décloisonnement des patrimoines constitue un des plus forts et constants. L’idée des Rencontres traduit la même idée, la met en oeuvre. Cette  troisième édition a permis de faire rencontrer les acteurs du patrimoine culturel immatériel, de différents profils et agissant à des niveaux différents, des acteurs et des responsables qui ne se connaissent pas nécessairement. Il faut que les patoisants se rendent compte qu’ils constituent un laboratoire vivant d’études, les dialectologues ne connaissent pas les frontières, M. Jauslin a présenté les enjeux politiques de la réflexion sur le patrimoine et les initiatives en cours pour faire démarrer les inventaires des patrimoines. M. Furrer a contextualisé la thématique, en lui donnant une perspective historique, alors que M. Crettaz, dans sa fougue verbeuse et sa force illustrative, a situé les caractéristiques du patrimoine immatériel et l’urgence à répondre aux attentes d’un public de plus en plus large, en matière patrimoniale. L’après-midi a permis d’illustrer par le son et l’image de patrimoine culturel immatériel, en donnant la parole à une des pionnières de la réflexion sur le patrimoine culturel immatériel, Mme Jacqueline Veuve, et aux agents principaux de la pratique et de la survivance des patois dans le canton de Vaud. On s’est rendu compte dans le débat la part de l’émotion et de l’affectivité, lorsque l’on parle des dialectes et des patois, dont l’image dépréciative a souvent été évoquée, en raison de la méconnaissance du phénomène et des malentendus qui entourent les parlers régionaux. Il y a urgence à agir, les institutions sont interpellées, elles doivent se préoccuper de collecter et de renseigner les patois, de garantir la transmission des savoirs. Pour qu’une langue existe, il faut une communauté, et que pour qu’une communauté existe, il faut qu’elle s’identifie par une langue. Le fait que des jeunes aient pris l’initiative d’ouvrir un site pour conserver les témoignages sonores et filmiques est réjouissant et à souligner. Il faut multiplier les initiatives et les amplifier, avec l’appui d’une loi (une loi sur le patrimoine mobilier et immatériel est sur le point de sortir dans le Canton de Vaud). La publication des actes participe de la même démarche. RéseauPatrimoineS a pris une initiative, espérant provoquer, outre le débat, un déclic d’un mouvement. Il est essentiel de médiatiser la réflexion et que les membres du patrimoine se mobilisent pour témoigner et porter dans le domaine public leurs préoccupations. Le patrimoine est une affaire collective, civique, et pas seulement une démarche de spécialistes.

Une journée comme aujourd’hui n’aurait pas été possible sans l’engagement actif de tous les conférenciers, en particulier des membres de l’Association vaudoise des amis du patois. Qu’ils soient remerciés chaleureusement. Ma reconnaissance va à M. Christian Ciocca, journaliste et producteur, à la Radio suisse romande, qui a accepté d’animer le débat, et qui pourra être le relais de nos réflexions dans ses émissions. Enfin, je tiens à souligner l’action déterminante et constante des membres du comité, en particulier de Mme Elisabeth Hufschmid, et de MM. Jean-François Cosandier et Jean-Louis Moret.

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