Lausanne, Vendredi 21 novembre 2003
La mise en ligne de l’annuaire électronique du patrimoine par l’APAV, occasion de fédérer les acteurs du patrimoine vaudois par l’entremise d’une plate-forme informatique, a été associée à une journée de réflexion autour du concept de réseau patrimonial en Suisse.

Par réseau patrimonial, on entendait toute mesure visant à inscrire l’information en lien avec le patrimoine dans un système informatique ouvert et consultable sur Internet ou utilisant les fonctionnalités du réseau (email, lettres d’information, forums…).
Sans insister sur la dimension technique des outils informatiques mis en place mais en rappelant leurs fonctionnalités, les conférenciers présentèrent leur expérience, leur bilan, leur stratégie de développement et analysèrent de manière critique les enjeux et les obstacles à la mise en œuvre de tels réseaux. Ils évoquèrent notamment les retombées d’une telle démarche en fonction de leur mission.

Dans une intervention d’intérêt général, Alain Kaufmann fut chargé de poser les bases théoriques et historiques de toute réflexion autour de la notion de réseau.

Suivirent des présentations de projets très différents : Jean-François Cosandier, à travers l’annuaire de l’association organisatrice de la manifestation, rappela les motivations de l’association en tant que plate-forme d’information et d’échanges entre spécialistes des patrimoines les plus divers.
Jacques Cordonier, ancien directeur du réseau romand des bibliothèques (Rero), expliqua la démarche très avancée des bibliothécaires en matière de partage d’information, grâce à la force du concept de « catalogue collectif » et sa mise en œuvre très précoce sur informatique du fait d’une normalisation rapide des procédures d’inventaire.
Pierre Chessex, délégué par la fondation du Dictionnaire historique de la Suisse, montra comment une entreprise éditoriale initialement pensée pour l’édition papier, a pu s’inscrire avec succès sur l’Internet, là encore grâce à une structuration pertinente de l’information, dans un modèle ouvert.
Intervenant pour les patrimoines naturels, Véronique Ortner n’a pas caché les difficultés à mettre en place d’un catalogue informatisé de données environnementales qui suppose l’investissement des cantons. Cyrille Latour a également présenté les conditions qui prévalent aujourd’hui pour qu’existe un catalogue collectif de la floristique suisse. Là encore, la réussite du projet tient au maintien d’un équilibre fragile entre informations décentralisées et base de données de référence.

Au terme de cette journée, la pertinence du travail en réseau n’a pas été démentie. Interrogée toutefois dans le cadre fédéraliste, la mise en réseau montre qu’il n’est pas toujours aisé de garantir un suivi et un investissement collectif à la mesure des objectifs, si le réseau n’est pas doté d’un organe fort pour gérer le projet et garantir la survie même du réseau formé.
Le foisonnement des sources d’information sur le web, qui pouvait faire craindre à certains une perte de qualité de l’information, semble en revanche peu problématique. Les intervenants ont surtout considéré qu’une culture des éditeurs sérieux se met rapidement en place, au même titre qu’elle existe pour l’édition papier. Enfin, dans le rapport à la transmission des informations patrimoniales, les conférenciers ont tous insisté sur le fait que la gestion informatique impose de reconsidérer l’horizon temporel de la conservation : le conservateur se fait désormais passeur d’une information à sa « descendance directe », sans préjuger de la survie pluri-séculaire de l’information. Une option raisonnable dans un contexte fortement marqué par les mutations technologiques.